Dans cet autoportrait, Rembrandt se met en scène avec une théâtralité assumée, incarnant un prince oriental dans un exercice aussi audacieux que mystérieux.
L’artiste déploie toute sa virtuosité technique dans le rendu des matières somptueuses : le velours profond du manteau, les reflets satinés de la tunique, les broderies d’or et les pierres précieuses qui scintillent sur l’écharpe rayée. Le clair-obscur, signature du maître, dramatise la composition tout en sculptant les volumes avec une subtilité remarquable. La pose est étudiée, presque arrogante, avec cette main gantée négligemment posée sur la canne et l’autre affirmant une posture de pouvoir sur la hanche. Le turban à plume, attribut oriental par excellence, couronne cette mise en scène. L’ajout ultérieur du barbet, dont la présence énigmatique ajoute une touche de réalisme domestique à cette composition théâtrale, révèle les repentirs de l’artiste et sa quête perpétuelle de perfection.
Pour aller plus loin
- Portrait de l’artiste en costume oriental, par Rembrandt van Rijn, ca. 1631/1633
- 65 x 52 cm
- Paris Musées, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/portrait-de-l-artiste-en-costume-oriental-0
Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669) est l’une des figures les plus emblématiques du Siècle d’or hollandais. Maître incontesté du clair-obscur, il révolutionna l’art du portrait et de l’autoportrait, genre dans lequel il excella tout au long de sa carrière, nous léguant près de quatre-vingts représentations de lui-même. Cette obsession de l’autoreprésentation, unique dans l’histoire de l’art, témoigne d’une exploration constante de son identité d’artiste et d’homme. Sa carrière, marquée par un succès précoce suivi de revers de fortune, n’altéra jamais sa créativité ni sa capacité à se réinventer, comme en témoigne ce portrait où il se présente en prince oriental.
