Quelle symphonie chatoyante dans cette apothéose mythologique où Rubens déploie toute la sensualité de son génie flamand !
Diane rayonne d’une beauté souveraine, son croissant lunaire ceint d’un diadème scintillant proclamant sa double nature de chasseresse et de déesse nocturne. L’artiste anversois orchestre un ballet dramatique : tandis qu’à gauche une nymphe repousse avec véhémence les avances d’un satyre, incarnant l’éternel combat entre pureté et luxure, Diane avance vers nous dans un mouvement d’une grâce sculpturale, escortée de ses fidèles compagnes et de ses lévriers alertes. L’incarnat des chairs se mêle aux rouges carmin et aux bleus outremer dans un ensemble chromatique typique du maître. Un détail émouvant : cette nymphe aux traits d’Isabelle Brant, immortalisant l’épouse chérie du peintre.
Pour aller plus loin
- Diane et ses nymphes partant à la chasse, vers 1615, par Pierre Paul Rubens et son atelier
- 216 x 178.7 cm (85 1/16 x 70 3/8 in.)
- The Cleveland Museum of Art, exposé en 212 peinture et sculpture Baroque
- https://www.clevelandart.org/art/1959.190
Génie protéiforme du Siècle d’Or flamand, Pierre Paul Rubens (1577–1640) incarne l’art baroque dans toute sa splendeur triomphante. Né à Siegen en Westphalie, formé à Anvers puis perfectionné lors de son voyage initiatique en Italie (1600-1608) où il étudie Titien, Véronèse et Le Caravage, ce seigneur humaniste révolutionne la peinture européenne par sa synthèse magistrale entre tradition nordique et innovations italiennes. Diplomate de haute volée au service des cours d’Europe, anobli par les rois d’Espagne et d’Angleterre, il mène de front une carrière politique brillante et une production artistique d’une fécondité stupéfiante. Son atelier anversois, véritable manufacture de chefs-d’œuvre dirigé avec un sens aigu des affaires, forme des disciples illustres comme Van Dyck et Jordaens. Maître de tous les genres, il développe une esthétique qui influence durablement l’art occidental.
