
Voici un scène fourmillante de vie qui nous plonge dans l’atmosphère débridée d’une maison close du XVIe siècle, où le fils prodigue dilapide sa fortune en joyeuse compagnie.
L’artiste déploie une composition magistrale où s’entremêlent personnages pittoresques et détails symboliques. Au premier plan, une nature morte somptueuse de fruits évoque les plaisirs terrestres, tandis que des cartes à jouer suggèrent les jeux de hasard et la perdition. Le tableau s’articule autour d’un groupe de courtisanes richement vêtues, accompagnées de leurs clients et d’un moine au capuchon jaune, figure moralisatrice qui rappelle la dimension religieuse du récit. Les musiciennes, jouant de la flûte et du luth, créent une atmosphère de fête licencieuse, tandis qu’à l’arrière-plan se devine une vue de Paris avec la Seine et la cathédrale Notre-Dame.
Pour aller plus loin
- L’Enfant prodigue chez les courtisanes (ou Allégorie des cinq sens, ou Le Concert), Ecole flamande, vers 1530
- 89 x 130 cm
- Paris Musées, Musée Carnavalet, Histoire de Paris
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/l-enfant-prodigue-chez-les-courtisanes
L’École flamande du 16e siècle représente un moment crucial dans l’histoire de l’art européen. Centrée principalement autour d’Anvers, elle se caractérise par une synthèse entre les traditions gothiques nordiques et les influences de la Renaissance italienne.
Les peintres flamands de cette époque ont une maîtrise technique exceptionnelle, notamment dans le traitement des détails, l’usage de couleurs et leur capacité à rendre les textures avec réalisme. Ils excellent dans trois genres : la peinture religieuse, le portrait et les scènes de genre décrivant la vie quotidienne. Cette période voit l’émergence d’un marché de l’art dynamique à Anvers, avec des ateliers organisés de manière quasi industrielle pour répondre à une demande croissante, contribuant à la diffusion du style flamand à travers l’Europe.