Ingres : Joséphine de Galard de Brassac de Béarn, Princesse de Broglie

Joséphine-Éléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825–1860), Princesse de Broglie, par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1851-1853, The Metropolitan Museum of Art, New York
Joséphine-Éléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825–1860), Princesse de Broglie, par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1851-1853, The Metropolitan Museum of Art, New York

Paris, début des années 1850. Ingres, soixante-dix ans passés, accepte une dernière commande : immortaliser la jeune princesse de Broglie. Dans l’atelier, Pauline pose, réservée, tandis que le maître du néoclassicisme prépare ce qui deviendra l’un des portraits les plus poignants du XIXe siècle.

Une virtuosité technique éblouissante

Le bleu turquoise de la robe explose sur la toile. Ingres multiplie les textures avec une précision d’orfèvre : le satin du vêtement, la dentelle délicate, le damas doré du fauteuil. Observez les bijoux. Chaque perle capte la lumière. Le pendentif brille comme un trésor byzantin. Le peintre travaille les reflets avec une patience infinie. Mais au-delà de cette démonstration technique, c’est le regard qui frappe. Pauline nous fixe avec une mélancolie contenue, une présence majestueuse et vulnérable.

Le poids d’un mariage aristocratique

Pauline incarne l’aristocratie du Second Empire. Ingres, portraitiste attitré de cette élite, saisit plus qu’une apparence : il capture une solitude. Quatre ans après l’achèvement de l’œuvre, la tuberculose emporte la jeune femme. Elle laisse cinq enfants et un époux dévasté qui fera voiler le tableau. Le portrait restera caché dans la demeure familiale, témoignage trop douloureux d’un bonheur impossible.

Jean-Auguste-Dominique Ingres

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780–1867), pilier du néoclassicisme français, vouait un culte à Raphaël et à la ligne pure. Opposant farouche du romantisme, il construisit sa gloire sur des portraits d’une exactitude glacée et d’une sensualité contenue. Avec Pauline de Broglie, il signe son testament artistique.

Une question pour vous

💭 Et si cette robe somptueuse dissimulait l’une des solitudes les mieux habillées de son époque ?

À propos de cette œuvre

  • Joséphine-Éléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825–1860), Princesse de Broglie
  • Jean-Auguste-Dominique Ingres
  • 1851-1853
  • Huile sur toile
  • 121,3 × 90,8 cm
  • The Metropolitan Museum of Art, New York
  • https://www.metmuseum.org/art/collection/search/459106