
Cette vue de Notre-Dame de Paris par Jongkind en 1854 témoigne d’une approche nouvelle du paysage urbain, annonçant l’esthétique impressionniste.
L’artiste néerlandais saisit la cathédrale dans une lumière crépusculaire, où la lune perce un ciel chargé de nuages. La Seine reflète la lumière, créant un jeu de miroitements subtils qui révèle la maîtrise technique de Jongkind. Les tours de Notre-Dame se dressent majestueusement au centre de la composition, mais l’artiste refuse l’idéalisation romantique traditionnelle. Il privilégie une vision moderne de Paris en transformation, intégrant les activités portuaires qui humanisent le monument historique. La facture libre et les empâtements expressifs traduisent une observation directe. Cette œuvre illustre parfaitement la transition entre le romantisme tardif et la modernité picturale, où l’exactitude topographique cède place à l’interprétation personnelle de l’artiste.
Pour aller plus loin
- Johann-Barthold Jongkind, Notre-Dame de Paris, en 1854, Reims, Musée des Beaux-Arts (inv. 907.19.260), Photo : © Christian Devleeschauwer
- 47 x 73,5 cm, huile sur toile
- https://musees-reims.fr/oeuvre/notre-dame-de-paris
Johann-Barthold Jongkind (1819-1891), paysagiste néerlandais, révolutionna la peinture de plein air et influença durablement l’école impressionniste française. Né à Lattrop en Overijssel, il se forma d’abord à l’Académie de dessin de La Haye sous la direction d’Andreas Schelfhout. En 1846, grâce à une bourse, il s’installa à Paris où il développa une approche révolutionnaire de la peinture de paysage. Sa technique libre rompit avec l’académisme de l’époque. Installé définitivement en France dès 1860, il devint une figure tutélaire pour la jeune génération d’artistes, notamment Claude Monet qui reconnut en lui son véritable maître. Précurseur de l’impressionnisme, Jongkind excellait dans la transcription des effets de lumière et des variations atmosphériques. Il marqua profondément la peinture française du 19e siècle.