
Ce portrait saisissant est emblématique du style si personnel de Modigliani, où l’influence de l’art primitif africain se mêle à une modernité audacieuse.
La figure féminine, au cou allongé caractéristique, émerge d’un fond bleu-gris vaporeux qui confère à l’œuvre une atmosphère mélancolique. Le traitement des yeux en amande, d’un bleu lumineux, crée un regard hypnotique qui semble transcender la toile. La simplicité apparente de la composition – un buste noir sobre sur fond monochrome – est sublimée par la gestuelle expressive du peintre, notamment dans le traitement délicat de la main qui émerge du vêtement sombre. Le visage aux traits stylisés, au nez effilé et aux lèvres finement dessinées, incarne parfaitement cette quête d’épure qui caractérise l’œuvre de l’artiste. La palette chromatique restreinte renforce la puissance émotionnelle du portrait, créant une tension dramatique entre l’élégance formelle et l’intensité psychologique du sujet.
Pour aller plus loin
- Femme aux yeux bleus, par Amedeo Modigliani, vers 1918
- 81 x 54 cm
- Musée d’Art moderne de Paris, Paris Musées
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-d-art-moderne/oeuvres/femme-aux-yeux-bleus
Amedeo Modigliani (1884-1920) incarne la figure de l’artiste maudit du Montparnasse du début du XXe siècle. D’origine italienne, il s’installe à Paris en 1906 où il développe un style unique, reconnaissable entre tous, influencé tant par l’art primitif que par le maniérisme italien. Sa vie tumultueuse, marquée par la maladie, l’alcool et la drogue, s’achève tragiquement à l’âge de 35 ans, dans le dénuement le plus total. Sa compagne Jeanne Hébuterne se suicide deux jours après sa mort, alors qu’elle attend leur second enfant. L’histoire de l’art retiendra de lui ces portraits aux cous allongés et aux yeux en amande, devenus l’emblème d’une modernité à la fois classique et révolutionnaire.