Caspar David Friedrich : Deux hommes au bord de la mer

Deux hommes au bord de la mer, Caspar David Friedrich, 1817, Staatliche Museen zu Berlin, Alte Nationalgalerie / Jörg P. Anders Public Domain
Deux hommes au bord de la mer, Caspar David Friedrich, 1817, Staatliche Museen zu Berlin, Alte Nationalgalerie / Jörg P. Anders Public Domain

Dresde, 1817. Friedrich achève une toile qui deviendra une icône du romantisme allemand. Deux silhouettes immobiles se dressent face à l’immensité marine. Le tableau fait sensation à l’Académie de Dresde cette année-là.

Une composition d’une simplicité bouleversante

Deux hommes vus de dos se tiennent sur la grève. Leurs silhouettes sombres se découpent contre le ciel crépusculaire. Ils portent le costume patriotique allemand, aux longues capes caractéristiques. L’œuvre capte les nuances subtiles du ciel : gris, ocre et bleu se fondent dans une atmosphère contemplative. La technique de Friedrich privilégie les glacis transparents qui créent cette luminosité diffuse si reconnaissable.

Un manifeste politique et spirituel

Cette œuvre s’inscrit dans l’Allemagne de la Restauration, période de répression après les guerres napoléoniennes. Le choix du costume traditionnel n’est pas anodin : ce vêtement d’inspiration médiévale, symbole démocratique et libéral, était interdit. Le poète Ernst Moritz Arndt l’avait promu comme emblème patriotique dès 1814. Friedrich transforme le paysage en méditation philosophique. Les figures de dos invitent le spectateur à l’identification. La presse contemporaine loua « l’originalité » de l’artiste qui « élève la peinture de paysage à des sommets poétiques ».

Caspar David Friedrich

Caspar David Friedrich (1774-1840) incarne le romantisme allemand. Le peintre fait de la nature un espace spirituel. Il multiplie les représentations de figures contemplatives face aux éléments. Ses compositions dépouillées privilégient l’expérience intérieure à la description pittoresque.

Une question pour vous

💭 La nature peut-elle encore aujourd’hui nous confronter au sublime, à cette grandeur qui nous dépasse et nous émeut ?

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