Théodore Géricault : Paysage italien au tombeau

Paysage italien au tombeau, par Théodore Géricault, vers 1818
Paysage italien au tombeau, par Théodore Géricault, vers 1818

Cette œuvre illustre parfaitement l’art du paysage composé romantique. Peinte au retour du séjour italien de Géricault (1816-1817), elle fait partie d’une série de trois vastes paysages représentant les Heures du Jour, celle-ci figurant « Le Midi ».

Paradoxalement, l’artiste choisit de représenter cette heure zénithale sous un ciel dramatique, chargé de nuées orageuses qui assombrissent le paysage escarpé. La composition s’organise autour d’une architecture circulaire, directement inspirée du mausolée de Cecilia Metella sur la Via Appia, érigée sur un éperon rocheux dominant la vallée. Au premier plan, un couple se dirige vers une embarcation qui évoque la barque mythologique de Charon traversant le Styx pour conduire les âmes aux Enfers. Cette référence mythologique confère à l’œuvre une dimension allégorique. Un détail macabre – un pilori orné de membres humains – témoigne du réalisme morbide caractéristique du romantisme naissant. L’ensemble révèle l’influence déterminante du voyage italien sur Géricault.

Pour aller plus loin

Théodore Géricault (1791-1824) demeure l’une des figures fondatrices du mouvement romantique français. Après son échec au prestigieux Prix de Rome, il entreprend de sa propre initiative un voyage d’étude en Italie entre 1816 et 1817, expérience déterminante qui nourrit sa vision artistique. Ce séjour lui permet d’étudier les maîtres anciens et d’assimiler la tradition du paysage, qu’il renouvelle par sa sensibilité romantique. À son retour, il peint ces vastes compositions paysagères avant de se consacrer à son chef-d’œuvre, « Le Radeau de la Méduse » (1819). Géricault révolutionne la peinture d’histoire en y insufflant un réalisme et une émotion inédits, ouvrant la voie à Delacroix et aux générations romantiques suivantes.