Le Bon Samaritain par le Maître du Bon Samaritain

Le Bon Samaritain, par le Maître du Bon Samaritain, 1537, Rijksmuseum, Amsterdam
Le Bon Samaritain, par le Maître du Bon Samaritain, 1537, Rijksmuseum, Amsterdam

Sur une route entre Jérusalem et Jéricho, un homme gît au sol, dépouillé et blessé. Un voyageur s’agenouille près de lui. Ce n’est pas n’importe quel passant : c’est celui que tous méprisent, le Samaritain. Le peintre fixe sur panneau cette rencontre improbable, celle qui bouleverse l’ordre établi.

Une mise en scène théâtrale

La composition se déploie comme un décor de théâtre. Au centre, sous l’ombre épaisse d’un chêne, le Samaritain verse de l’huile sur les plaies du blessé. Son turban rouge, ses vêtements pourpres et turquoise : tout signale l’étranger. Le corps nu de la victime contraste avec cette richesse chromatique. Sa pâleur laiteuse attire le regard. À gauche, un cheval blanc attend. À droite, un pèlerin s’éloigne sur le sentier. L’artiste maîtrise la perspective atmosphérique : les ruines romaines s’estompent dans un bleu lointain, créant une profondeur vertigineuse.

La parabole réinventée

Cette huile sur panneau illustre l’Évangile de Luc. Un homme attaqué par des brigands est ignoré par un prêtre et un lévite. Seul le Samaritain, membre d’un peuple honni, lui porte secours. Au 16e siècle, cette histoire résonne avec force. L’Europe se déchire entre catholiques et protestants. Le Maître du Bon Samaritain rappelle que la compassion transcende les frontières religieuses. Son paysage mêle Flandres et Italie, architecture antique et nature nordique : une géographie symbolique de l’universalité.

Un anonyme virtuose

Le Maître du Bon Samaritain reste un artiste du 16e siècle non identifié. Ce peintre néerlandais connaît l’art italien. Ses personnages sculptés, ses drapés sophistiqués, son usage de la lumière révèlent une formation classique. Il appartient à cette génération qui réinventent la peinture flamande.

💭 Observez la main du Samaritain versant son remède. Qui, dans votre vie, a joué ce rôle d’étranger secourable ?

A propos de l’œuvre