
Maurice Denis représente ici une scène de villégiature estivale sur l’île de Noirmoutier où il séjournait régulièrement avec sa famille.
La composition s’organise selon des principes décoratifs caractéristiques du mouvement nabi. Les arbres structurent l’espace en plans verticaux, créant un rythme visuel qui guide le regard du spectateur. Au premier plan, des baigneuses évoluent dans une eau peu profonde, tandis que d’autres figures se reposent à l’ombre des arbres.
La palette chromatique privilégie les harmonies douces : roses, bleus pastel et verts olive se répondent dans une symphonie colorée. La touche, relativement libre et fragmentée, révèle l’influence persistante de l’impressionnisme, tout en s’inscrivant dans une recherche de synthèse formelle propre aux nabis. Denis applique la couleur par zones, créant des effets de lumière méditerranéenne qui enveloppent la scène d’une atmosphère sereine et contemplative.
Pour aller plus loin
- Maurice Denis, Journée d’été sur l’île de Noirmoutier, 1903, Collections de peinture de l’État de Bavière – Neue Pinakothek Munich
- huile sur toile, 56 x 95,7 cm
- https://www.sammlung.pinakothek.de/de/artwork/ma4dl2E4rO/maurice-denis/sommertag-auf-der-insel-noirmoutier
Maurice Denis (1870-1943), figure majeure de l’avant-garde française, cofonde le groupe nabi en 1888 aux côtés de Paul Sérusier, Pierre Bonnard et Édouard Vuillard. Théoricien autant que praticien, il formule dès 1890 sa définition révolutionnaire : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Cette assertion fondamentale préfigure les développements de l’art moderne. Denis cherche à réconcilier modernité picturale et spiritualité, notamment pour l’église du Saint-Esprit à Paris et le Théâtre des Champs-Élysées. Son œuvre explore inlassablement les thèmes de la famille, de la nature et de la foi, dans une quête d’harmonie formelle et spirituelle qui fait de lui un passeur entre symbolisme et modernité.