Ingres : François 1er reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci

François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci, par Ingres, en 1818
François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci, par Ingres, en 1818

Cette œuvre, mise en scène d’un moment historique, nous plonge dans l’intimité d’une rencontre mythique entre le pouvoir et le génie.

Le tableau d’Ingres capture l’instant où François Ier, paré de ses atours royaux, se penche avec déférence sur le corps défaillant de Léonard de Vinci. La composition théâtrale, orchestrée autour du baldaquin pourpre qui encadre la scène principale, révèle la virtuosité du peintre. Les drapés, le rendu précis des textures – du velours royal aux draps immaculés – et le clair-obscur savamment maîtrisé témoignent d’une technique picturale d’une grande perfection. Ingres transfigure ici un épisode probablement fictif en une allégorie puissante du mécénat éclairé, où la France, incarnée par son monarque, recueille l’héritage du génie italien. Les personnages secondaires, disposés avec une intelligence scénographique, contemplent cette passation symbolique, dans une atmosphère de recueillement majestueux.

Pour aller plus loin

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), figure majeure du néoclassicisme français, s’est toujours distingué par son admiration pour Raphaël et la Renaissance italienne. Cette œuvre, peinte pendant son long séjour italien (1806-1824), illustre parfaitement sa quête d’idéal classique et son goût pour les sujets historiques.

Formé dans l’atelier de David, Ingres développa néanmoins un style personnel, caractérisé par un dessin d’une grande rigueur. Parfois critiqué pour ses « déformations » anatomiques au service de l’expression, il oscillait constamment entre académisme et audaces formelles qui préfiguraient la modernité. Farouchement attaché à la tradition, ce peintre paradoxal influença pourtant considérablement l’avant-garde, notamment Picasso et Matisse.