
« Vénus et Adonis » de 1729 illustre avec éclat l’art décoratif français au faîte de sa splendeur rococo. Lemoyne transpose ici l’épisode tragique des Métamorphoses d’Ovide en une scène galante d’une sensualité raffinée.
La composition verticale, délibérément choisie par l’artiste, magnifie les protagonistes selon les canons du « grand style » : Vénus, incarnation de la beauté féminine, tente vainement de retenir Adonis, chasseur intrépide paré de sa peau de lion. Le peintre orchestre un ballet chromatique où dominent les bleus nacrés du drapé vénusien et les ocres dorés de la carnation d’Adonis. Les putti voltigeant et le paysage idyllique enrichissent cette allégorie de l’amour contrarié par le destin. La technique léchée de Lemoyne allie virtuosité du modelé et préciosité décorative. Cette commande du diplomate suédois Tessin témoigne du rayonnement international de l’École française.
Pour aller plus loin
- Les Adieux de Vénus et Adonis, par François Lemoyne, en 1729, Photo : Cecilia Heisser/Nationalmuseum 2015, Domaine public
- 94 x 74 cm
- Nationalmuseum, Stockholm, exposé salle 1603, 18e siècle
- https://collection.nationalmuseum.se/en/collection/item/17857/
François Lemoyne (1688-1737) incarne l’apogée de la grande peinture décorative française sous Louis XV. Élève de Louis Galloche, il remporte le Prix de Rome en 1711 et parfait sa formation italienne en étudiant les maîtres vénitiens et Corrège. Premier peintre du Roi en 1736, LeMoyne révolutionne la peinture d’histoire en y insufflant la grâce rococo sans renoncer à la grandeur classique. Ses chefs-d’œuvre décoratifs, notamment le plafond du salon d’Hercule à Versailles, établissent un nouveau langage pictural mêlant mythologie antique et raffinement contemporain. Maître de Boucher et Natoire, il transmet aux générations suivantes l’art de concilier noblesse du grand goût et sensibilité moderne, avant de succomber tragiquement, laissant inachevée une œuvre d’une richesse exceptionnelle.