
Paris, 1947. Dans l’atelier de Wols, la peinture coule, éclabousse, griffe la toile. L’artiste travaille dans l’urgence, presque dans la transe. Sur le fond ocre de « Composition jaune », quelque chose d’organique prend forme – ou se déforme.
Une peinture qui respire
Observez cette surface tourmentée. Des lignes rouges traversent la toile comme des veines à vif. Des taches noires éclatent, des coulures descendent, des éraflures révèlent les couches successives de matière. Wols ne cherche pas à représenter : il laisse la peinture vivre sa propre existence. Les formes diffuses évoquent un crâne fragmenté, un visage décomposé, peut-être une tête d’animal déchirée. Chaque geste compte. Chaque trace de pinceau, chaque contact avec la peinture encore fraîche raconte le processus créatif lui-même. Le fond jaunâtre et terreux amplifie cette impression de matière vivante, presque biologique.
Pionnier de l’art informel
En 1952, le critique Michel Tapié baptise ce nouveau langage pictural : le tachisme, branche majeure de l’art informel. Wols en est l’un des précurseurs essentiels. Après la Seconde Guerre mondiale, l’abstraction se réinvente simultanément en Europe et aux États-Unis. En 1946, le marchand René Drouin, séduit par les aquarelles de guerre de Wols, lui fournit toiles et peintures à l’huile. « Composition jaune » naît de cette période créative fulgurante, où la gestualité remplace la figuration.
Wols
Photographe reconnu avant de devenir peintre, Alfred Otto Wolfgang Schulze dit Wols (1913-1951) apporte à ses toiles une sensibilité particulière à la texture et au détail. Son approche radicale influence toute une génération d’artistes de l’abstraction lyrique.
Une question pour vous
💭 Face à ce chaos maîtrisé, quelle émotion surgit en vous : fascination ou malaise devant cette beauté fragmentée ?
À propos de cette œuvre
- Composition jaune
- Wols
- vers 1947
- Huile sur toile
- 73 x 92 cm
- Nationalgalerie, Neue Nationalgalerie, Berlin
- https://recherche.smb.museum/detail/960263/composition-jaune






