Nicolas Lancret : Danse devant une fontaine

Danse devant une fontaine, Nicolas Lancret, vers 1724, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Danse devant une fontaine, Nicolas Lancret, vers 1724, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles

Paris, années 1720. Dans les jardins, une nouvelle forme de divertissement captive la haute société. Lancret fixe sur la toile ces moments où la noblesse s’abandonne aux plaisirs champêtres. Sous les frondaisons majestueuses, la danse commence.

Une scène de séduction orchestrée

Au centre de la composition, deux couples virevoltent au son d’une cornemuse. La femme en robe blanche, pivotant gracieusement, attire tous les regards. Autour d’eux, les personnages se déploient en plusieurs tableaux. Près de la fontaine ornée d’une statue, d’autres personnages murmurent, se rapprochent, se touchent. Les tissus chatoyants — satins roses, soies bleues, brocarts dorés — captent la lumière. Le pinceau fluide de Lancret caresse ces étoffes luxueuses, créant des reflets changeants. L’architecture néoclassique de la fontaine structure l’espace.

L’invention de la fête galante

Lancret perpétue ici un genre nouveau né au début du XVIIIe siècle : la fête galante. Ces scènes pastorales élégantes incarnent un idéal d’insouciance raffinée. Loin de l’étiquette rigide de Versailles, les personnages célèbrent les plaisirs terrestres et l’art de la séduction. Ce divertissement champêtre reflète l’aspiration à une liberté mesurée, où les conventions sociales s’assouplissent sans disparaître. Les dimensions imposantes du tableau suggèrent une commande prestigieuse, probablement destinée à orner le salon d’un mécène ou d’un collectionneur.

Lancret, le maître des fêtes galantes

Nicolas Lancret (1690-1743), formé dans l’atelier de Gillot puis inspiré par Watteau, devient l’un des maîtres de la fête galante. Reçu à l’Académie royale en 1719, il connaît un succès considérable auprès de l’aristocratie parisienne. Son style conjugue observation naturaliste et poésie théâtrale.

💭 Observez ces personnages suspendus hors du temps. Imaginez leur musique, leurs rires, leurs secrets murmurés. Quelle part de rêve cultivons-nous aujourd’hui pour échapper à nos propres conventions sociales ?

À propos de l’œuvre