Niccolò dell’Abbate : Éros et Psyché

Niccolò dell'Abbate, Éros et Psyché, entre 1512 et 1571, huile sur toile. Detroit Institute of Arts, Founders Society Purchase, Robert H. Tannahill Foundation Fund, 65.347.
Niccolò dell’Abbate, Éros et Psyché, entre 1512 et 1571, huile sur toile. Detroit Institute of Arts, Founders Society Purchase, Robert H. Tannahill Foundation Fund, 65.347.

Voici une interprétation sensuelle et énigmatique du mythe d’Éros et Psyché, où l’artiste capture l’intimité des amants. Dell’Abbate offre une vision singulière de cette légende antique, s’écartant des représentations conventionnelles pour privilégier l’instant d’après la révélation. Les corps s’entrelacent dans une chorégraphie de gestes délicats, baignés d’une lumière dorée.

La composition, magistralement orchestrée, place les amants dans un lit somptueux aux draperies chatoyantes, créant un écrin précieux pour cette scène d’amour mythologique. L’artiste transcende le simple récit pour nous plonger dans l’ambiguïté psychologique de l’instant, peut-être celui des retrouvailles après la transgression, où la réconciliation s’esquisse dans la douceur des regards échangés.

Pour aller plus loin

  • Niccolò dell’ Abbate, Éros et Psyché, entre 1512 et 1571
  • huile sur toile
  • 39 1/4 x 36 1/2 in. (99.7 x 92.7 cm)
  • Detroit Institute of Arts, achat de la Founders Society, Robert H. Tannahill Foundation Fund, 65.347.
  • https://dia.org/collection/eros-and-psyche-24109

Niccolò dell’Abbate (1512-1571) incarne le pont culturel entre l’Italie et la France de la Renaissance. Formé à Modène puis à Bologne, il rejoignit en 1552 l’illustre École de Fontainebleau, devenant l’un des principaux propagateurs du maniérisme italien en terre française. Collaborateur du Primatice pour les décors du château royal, il y développa un style caractérisé par l’élégance des silhouettes allongées, la sophistication des poses et une palette aux tonalités raffinées. Cette œuvre témoigne de sa maîtrise exceptionnelle dans le traitement des carnations et des textiles. Dell’Abbate réussit ici le tour de force de s’approprier un mythe antique pour en faire une œuvre profondément imprégnée de l’esthétique courtoise et maniériste qui révolutionna l’art français du XVIe siècle, influençant durablement la peinture européenne.