
Dans ce tableau peint en 1818, Géricault nous transporte dans un paysage de fin de journée, où la nature et l’architecture se conjuguent dans une harmonie dramatique. L’imposant aqueduc romain de Spolète, vestige majestueux de l’Antiquité, découpe l’horizon de ses arches régulières, tandis que la lumière dorée du couchant embrase le ciel tourmenté.
Au premier plan, des personnages, tels des acteurs minuscules face à l’immensité du décor, se reposent sur les berges ou se baignent dans un cours d’eau paisible. La composition magistrale joue sur les contrastes : la solidité monumentale de l’architecture dialogue avec la fluidité des nuages menaçants, la chaleur des tons orangés du soleil couchant s’oppose aux ombres bleutées des falaises escarpées. Les cyprès élancés et la végétation sauvage ajoutent une touche de mystère à cette scène où la grandeur de la nature rivalise avec celle des constructions humaines.
Pour aller plus loin
- Paysage à l’aqueduc, dit Le Soir, de Théodore Géricault, en 1818
- 250.2 x 219.7 cm
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé dans la Galerie 802
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/436455
Théodore Géricault (1791-1824) est l’une des figures du romantisme français. Sa courte carrière fut marquée par une intensité créatrice exceptionnelle. Formé dans la tradition néoclassique, il s’en éloigne rapidement pour développer un style personnel où la passion et le drame prennent le pas sur la raison.
Bien que principalement connu pour son amour des chevaux, ses scènes de bataille et son chef-d’œuvre « Le Radeau de la Méduse », ses paysages italiens révèlent une sensibilité particulière aux effets atmosphériques et à la puissance évocatrice de la nature. Cette série des moments de la journée, malheureusement inachevée, témoigne de sa maîtrise technique et de sa capacité à insuffler une dimension émotionnelle profonde à ses compositions.