
Le Chasseur (1661) de Gabriel Metsu illustre parfaitement l’art de la peinture de genre hollandaise et sa capacité à conjuguer virtuosité technique et subtilité narrative.
Cette œuvre révèle la maîtrise du fijnschilder formé à Leyde : chaque détail témoigne d’un rendu minutieux, de la cruche d’étain brillante jusqu’aux plumes soyeuses du gibier. La composition s’organise autour du personnage central, vêtu d’une veste rouge écarlate rehaussée de dentelle blanche, qui nous interpelle d’un regard complice tout en levant son verre. Cette mise en scène théâtrale dépasse la simple représentation anecdotique pour s’enrichir d’une dimension symbolique typiquement hollandaise. Les attributs cynégétiques fonctionnent comme autant d’allusions galantes, exploitant les doubles sens linguistiques où « jagen » et « vogelen » évoquent aussi bien la chasse que la séduction amoureuse. L’architecture de la fenêtre, ornée de pampres de vigne, crée un cadre intimiste qui transforme cette scène domestique en théâtre des mœurs bourgeoises du Siècle d’or.
Pour aller plus loin
- Gabriel Metsu, Le Chasseur, 1661
- 28 x 22.8 cm, huile sur panneau
- Mauritshuis, La Haye, exposé salle 15
- https://www.mauritshuis.nl/fr/decouvrir-la-collection/oeuvres-d-art/93-the-huntsman
Gabriel Metsu (1629-1667) demeure l’une des figures les plus raffinées de l’École hollandaise du 17e siècle. Né à Leyde, il se forme dans la tradition du fijnschilders auprès de Gerrit Dou, héritier de l’atelier de Rembrandt. Établi à Amsterdam vers 1657, Metsu développe un style personnel caractérisé par une technique d’une précision orfèvre et une palette chromatique d’une grande richesse. Spécialisé dans les scènes de genre intimistes, il excelle dans la représentation de la bourgeoisie urbaine, saisissant avec finesse psychologique les nuances de la comédie sociale. Son œuvre, bien que brève en raison de sa mort prématurée, témoigne d’une sensibilité poétique exceptionnelle et d’une capacité unique à transformer le quotidien en spectacle pictural.