Cette œuvre illustre parfaitement le style de Modigliani, synthèse personnelle entre modernité parisienne et tradition italienne.
Le portrait révèle sa compagne Jeanne Hébuterne dans une pose méditative, la main gauche effleurant délicatement sa joue, la tête inclinée vers la droite.
L’artiste exploite sa technique caractéristique : visage ovale aux traits simplifiés, cou allongé, silhouette étirée qui évoque l’élégance maniériste du XVIe siècle italien. La composition asymétrique s’articule autour de la chemise blanche qui contraste avec le dossier ocre, créant un équilibre chromatique subtil sur fond bleu-gris. Le modelé doux des chairs s’inspire de la Renaissance italienne, particulièrement de l’école vénitienne. Cette œuvre, peinte en 1919 lors du retour du couple à Paris, témoigne de l’intimité profonde entre l’artiste et son modèle, captée avec une sensibilité remarquable.
Pour aller plus loin
- Jeanne Hébuterne, par Amedeo Modigliani, en 1919
- 36 × 28 3/4 in. (91.4 × 73 cm)
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé galerie 900
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/488903
Né à Livourne dans une famille cultivée, Amedeo Modigliani (1884-1920) s’installe à Paris en 1906 où il rejoint l’effervescente communauté artistique de Montmartre. Formé à Florence et Venise, il puise dans l’art italien classique tout en s’appropriant les innovations modernistes de ses contemporains Picasso et Brancusi. Son style unique synthèse les influences de l’art africain, du maniérisme italien et de la sculpture de Brancusi, créant un langage plastique reconnaissable par ses déformations expressives et ses élégances formelles. Il produit une œuvre d’une cohérence stylistique remarquable, privilégiant portraits et nus d’une sensualité raffinée. Sa liaison passionnelle avec Jeanne Hébuterne, rencontrée en 1917, inspire ses créations les plus abouties. Mort prématurément de la tuberculose, Modigliani laisse une œuvre inachevée mais d’une modernité saisissante.
