Portrait d’une jeune artiste : entre lumière et révélation. Ce tableau nous invite dans l’intimité créative d’une jeune femme au regard captivant. Assise près d’une fenêtre baignée de lumière naturelle, elle suspend son geste artistique pour nous regarder directement, créant un dialogue silencieux entre l’observateur et l’observée.
La composition joue des contrastes entre l’intérieur sombre et la luminosité extérieure, sublimant la blancheur diaphane de sa robe empire. La vitre fêlée encadre un couple lointain et ajoute une dimension symbolique à l’œuvre : frontière entre deux mondes ou métaphore de l’émancipation féminine par l’art ? Le drapé rouge éclatant sur la chaise apporte une touche colorée à cette scène d’une élégance néoclassique parfaitement maîtrisée, où la portraiturée nous apparaît dans toute sa détermination intellectuelle.
Pour aller plus loin
- Portrait de Marie Joséphine Charlotte du Val d’Ognes (1786–1868), par Marie Denise Villers, 1801
- 161.3 × 128.6 cm
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé galerie 634
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/437903
Marie-Denise Villers (1774-1821) incarne parfaitement le destin des femmes artistes éclipsées par l’histoire. Sœur de la peintre Marie-Victorine Lemoine et formée auprès de Girodet-Trioson, lui-même élève du grand David, elle profita de l’ouverture du Salon aux femmes pour exposer ce chef-d’œuvre en 1801. Longtemps attribuée à tort à Jacques-Louis David — une erreur persistant jusqu’aux années 1950 — cette toile devint emblématique de la réhabilitation des artistes féminines lorsqu’elle illustra en 1971 la couverture d’Artnews accompagnant l’essai de Linda Nochlin, « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes femmes artistes ? ». La redécouverte de Villers symbolise ainsi la nécessaire réécriture d’une histoire de l’art trop longtemps dominée par les hommes.