
Paris, vers 1636. Le Sueur peint un grand récit onirique de la Renaissance. Sous un ciel légèrement azuré, les divinités marines escortent deux amants vers l’île de Vénus.
Un cortège mythologique spectaculaire
Neptune trône sur sa coquille, son trident à la main. Son corps musculeux drapé domine la composition. Amphitrite repose gracieusement dans sa conque nacrée, enveloppée de tissus turquoise. Des cupidons virevoltent au-dessus des flots. Les chairs nacrées contrastent avec les draperies aux teintes saturées : rose fuchsia, vert olive, jaune d’or. Le Sueur créae des étoffes ondoyantes qui épousent les mouvements des corps. À gauche, le navire de Poliphile et Polia appareille vers Cythère. Chaque figure adopte des proportions idéalisées héritées de l’Antiquité.
Quand la Renaissance rêve l’Antiquité
Cette œuvre illustre l’Hypnerotomachia Poliphili, roman allégorique publié en 1499 par Francesco Colonna. Ce récit onirique connaît un succès dans la France du 17ᵉ siècle. Louis XIV commande à Le Sueur huit toiles sur ce thème pour la manufacture des Gobelins. Le projet de tapisserie ne verra jamais le jour, mais les peintures témoignent de la fascination pour les mythologies amoureuses. Le Sueur transpose l’univers humaniste italien dans l’esthétique classique française, où clarté de la composition et élégance des formes priment.
Le Sueur, peintre de l’idéal classique
Eustache Le Sueur (1616-1655) se forme auprès de Simon Vouet. Il développe un style épuré, influencé par Raphaël. Cofondateur de l’Académie royale de peinture, il excelle dans les cycles décoratifs et les sujets mythologiques. Cette toile révèle sa capacité à traduire la poésie littéraire en images harmonieuses.
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À propos de cette œuvre
- Dieux marins rendant hommage à l’amour, Eustache Le Sueur, vers 1636-1638
- Huile sur toile, 96,2 × 136,2 cm
- The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
- https://www.getty.edu/art/collection/object/103RCP






