Lorenzo Lotto : Portrait d’homme, possiblement Girolamo Rosati

Portrait d'homme, possiblement Girolamo Rosati, vers 1533–1534, par Lorenzo Lotto
Portrait d’homme, possiblement Girolamo Rosati, vers 1533–1534, par Lorenzo Lotto

Voici un portrait captivant de la Renaissance vénitienne. Lotto nous offre un chef-d’œuvre de psychologie où chaque détail résonne d’une symbolique raffinée.

Ce personnage au geste théâtral incarne parfaitement l’art du maître bergamasque à révéler l’intériorité de ses modèles. Son élégant costume noir rehaussé d’orfèvrerie, ce béret soyeux qui ceint son front pensif, proclament son rang social. Sur cette table drapée de bleu, trèfle et jasmin composent un langage fleuri d’une poésie exquise : promesses d’amour, vœux de félicité conjugale. Ce document manuscrit que sa main caresse tendrement – lettre ou projet architectural ? – ajoute au mystère de cette composition. Lotto transcende ici la simple commande officielle pour révéler un être de chair et d’émotion.

Pour aller plus loin

  • Portrait d’homme, possiblement Girolamo Rosati, vers 1533–1534, par Lorenzo Lotto
  • 108.2 x 100.5 cm (42 5/8 x 39 9/16 in.)
  • The Cleveland Museum of Art, exposé en 118 Renaissance italienne
  • https://www.clevelandart.org/art/1950.250

Lorenzo Lotto (vers 1480-1557) est un peintre vénitien. Il demeure l’une des figures les plus fascinantes et méconnues de la Renaissance italienne. Né à Bergame vers 1480, il se forme dans l’atelier de Giovanni Bellini à Venise avant de développer un style personnel d’une modernité troublante, mêlant influences nordiques et tradition vénitienne. Contrairement à ses contemporains Giorgione et Titien, Lotto privilégie l’introspection à la grandeur décorative, dévoilant l’âme plutôt que le rang social. Sa carrière itinérante le mène de Trévise aux Marches, où il peint pour une clientèle bourgeoise et ecclésiastique, développant un naturalisme psychologique. Ses retables d’une expressivité saisissante, ses portraits d’une grande humanité, témoignent d’une sensibilité tourmentée qui annonce l’art baroque. Incompris de son vivant, ce génie solitaire trouve refuge au sanctuaire de Lorette où il termine ses jours dans l’obscurité.