La Sérénade de Judith Leyster nous transporte dans l’intimité d’un moment musical saisi sur le vif. Dans cette composition audacieuse, un jeune musicien se livre corps et âme à son art, la tête renversée dans un élan passionné.
Le clair-obscur sculpte son visage expressif tandis que le musicien pince les cordes de son luth. Son costume — chemise blanche au col délicat, veste rayée aux teintes d’amande et imposant chapeau à plumes — témoigne d’une élégance théâtrale rehaussée par l’éclatante culotte écarlate qui ancre la composition. La virtuosité technique de l’artiste se révèle dans le traitement précis de l’instrument, avec sa rosace finement détaillée, et dans la captation de cet instant fugace où musique et émotion s’entremêlent. L’arrière-plan sobre et neutre concentre notre regard sur ce personnage vibrant, créant un tableau à la fois intime et universel.
Pour aller plus loin
- La sérénade, par Judith Leyster, en 1629
- 47 x 34.5 cm
- The Rijksmuseum, Amsterdam
- https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/object/The-Serenade–5b56863e2af8c41e0f4d27c4553ddc8f
Judith Leyster (1609-1660) fut une pionnière dans un monde artistique dominé par les hommes. Première femme à accéder au statut de maître peintre aux Pays-Bas au 17e siècle, elle brisa les conventions de son époque en intégrant la prestigieuse Guilde de Saint-Luc de Haarlem en 1633.
Son œuvre, injustement éclipsée pendant des siècles, révèle une maîtrise technique exceptionnelle et une sensibilité particulière dans la représentation des scènes de genre et des portraits. La Sérénade, réalisée alors qu’elle n’avait que vingt ans, témoigne déjà de son talent précoce pour capturer l’expression humaine et l’atmosphère d’un instant, annonçant une carrière brillante mais trop brève, interrompue par son mariage avec le peintre Jan Miense Molenaer.