Claude Monet : Cathédrale de Rouen, la façade ensoleillée

Claude Monet, Cathédrale de Rouen, la façade ensoleillée, vers 1892–1894, huile sur toile. Clark Art Institute, Sterling et Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, États-Unis. Acquis à la mémoire d'Anne Strang Baxter, 1967.
Claude Monet, Cathédrale de Rouen, la façade ensoleillée, vers 1892–1894, huile sur toile. Clark Art Institute, Sterling et Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, États-Unis. Acquis à la mémoire d’Anne Strang Baxter, 1967.

« Cathédrale de Rouen, la façade ensoleillée » (vers 1892-1894) illustre parfaitement la révolution impressionniste de Monet face à l’architecture gothique.

L’artiste transforme la pierre millénaire en vibrations colorées, où bleus, ocres et roses se mêlent dans une symphonie chromatique. La matière picturale, appliquée par empâtements successifs, mime la texture rugueuse de la façade normande sous l’éclat solaire. Monet abandonne ici le détail architectural pour privilégier l’impression lumineuse : portes, rosace et tours émergent de cette brume colorée par un jeu subtil de valeurs. Cette toile appartient à la célèbre série des Cathédrales, près de trente variations peintes depuis la même fenêtre, face au portail occidental. L’artiste passait d’une toile à l’autre selon les heures, captant les métamorphoses de la lumière sur la pierre. Achevée dans son atelier de Giverny, cette série révèle un Monet obsédé par les phénomènes optiques, précurseur de l’art moderne.

Pour aller plus loin

Figure emblématique de l’impressionnisme, Claude Monet (1840-1926) révolutionne la peinture par sa quête obsessionnelle de la lumière naturelle. Né au Havre, il développe la technique de la peinture en plein air et théorise l’impression fugace. Ses séries – Meules, Peupliers, Cathédrales, Nymphéas – témoignent d’une approche sérielle novatrice où le motif devient prétexte à l’exploration des variations chromatiques et atmosphériques. Installé à Giverny, Monet y crée son univers artistique idéal, transformant jardin et bassin aux nymphéas en laboratoire pictural. Incompris puis célébré, il influence profondément l’art du 20e siècle par sa libération progressive de la figuration.