
Ce « portrait d’un jeune homme » (vers 1470) témoigne de l’art du Quattrocento florentin dans sa célébration de la jeunesse aristocratique.
Le modèle, âgé d’une quinzaine d’années, arbore une prestance remarquable pour son âge, incarnant parfaitement les valeurs patriciennes de son époque. Vêtu d’un manteau rouge bordé d’hermine, symbole de noblesse, il affirme son statut social naissant. Le paysage arrière révèle la vallée de l’Arno avec Florence à l’horizon, ancrant géographiquement ce portrait. Biagio d’Antonio déploie ici une technique raffinée, alliant précision du trait nordique et monumentalité italienne. Cette œuvre témoigne d’une pratique courante : immortaliser les héritiers lors d’événements familiaux marquants. Parmi les trois seuls portraits connus de l’artiste, celui-ci révèle sa maîtrise du genre, habituellement consacré aux arts décoratifs domestiques.
Pour aller plus loin
- Portrait d’un jeune homme, par Biagio d’Antonio, probablement vers 1470
- 21 3/8 x 15 1/2 in. (54.3 x 39.4 cm)
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé galerie 604
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/435664
Peintre florentin actif durant la seconde moitié du 15e siècle, Biagio d’Antonio Tucci (vers 1446-1516) incarne l’artisan-décorateur de la Renaissance italienne. Formé dans l’entourage de Verrocchio et Ghirlandaio, il pratique les arts appliqués, particulièrement les panneaux décoratifs (spalliere) et coffres de mariage (cassoni) destinés aux demeures patriciennes. Sa production, essentiellement vouée à l’ornement domestique, révèle un style élégant mêlant influences flamandes et tradition toscane. Les rares portraits attribués à l’artiste témoignent d’une facture soignée et d’une psychologie pénétrante, contrastant avec sa réputation d’artiste « mineur ». Biagio d’Antonio représente ces maîtres florentins qui, loin des grands chantiers publics, surent répondre aux exigences raffinées d’une clientèle avide de beauté et de prestige social.