
Ce tableau est une copie d’Atelier de Jacob Jordaens dont l’original est dans la collection des musées des Beaux-Arts de Bruxelles. Il illustre avec brio une scène tirée de la Fable LXXIV d’Ésope (à retrouver ci-dessous), dans une composition magistrale typique de l’âge d’or flamand.
L’œuvre met en scène un festin animé où les personnages, disposés autour d’une table drapée de blanc, incarnent la joie de vivre chère aux peintres flamands. Au centre, un homme en rouge, coiffé d’un bonnet vert, souffle le froid sur son plat brûlant, tandis qu’un satyre se penche sur la gauche. La présence d’une jeune femme avec un enfant et un chien apporte une touche de tendresse domestique à cette scène bachique. Les jeux de lumière sur les chairs et les étoffes, la richesse des coloris et le naturalisme des expressions témoignent d’une maîtrise technique remarquable, caractéristique de l’école flamande.
Pour aller plus loin
- Le satyre et le paysan, copie d’Atelier de Jacob Jordaens, ca. 1644/1645
- 124 x 153 cm
- Paris Musées, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/le-satyre-et-le-paysan
Jacob Jordaens (1593-1678) fut un éminent peintre anversois du XVIIe siècle, aux côtés de Rubens et Van Dyck. Contrairement à ses illustres contemporains, il ne quitta jamais vraiment Anvers, sa ville natale, où il développa un style mêlant réalisme populaire et exubérance baroque. Initialement formé comme peintre de cartons pour tapisseries, il fut reçu franc-maître de la Guilde de Saint-Luc en 1615. Sa capacité à représenter des scènes de genre avec une vitalité extraordinaire, tout en y incorporant des éléments mythologiques ou allégoriques, fit sa renommée. L’atelier qu’il dirigeait était l’un des plus productifs d’Anvers, créant de nombreuses versions de ses compositions les plus populaires.
L’Homme et le Satyre (Ésope)
Jadis un homme avait fait, dit-on, un pacte d’amitié avec un satyre. L’hiver étant venu et avec lui le froid, l’homme portait ses mains à sa bouche et soufflait dessus. Le satyre lui demanda pourquoi il en usait ainsi. Il répondit qu’il se chauffait les mains à cause du froid. Après, on leur servit à manger. Comme le mets était très chaud, l’homme le prenant par petits morceaux, les approchait de sa bouche et soufflait dessus. Le satyre lui demanda de nouveau pourquoi il agissait ainsi. Il répondit qu’il refroidissait son manger, parce qu’il était trop chaud. « Eh bien ! camarade, dit le satyre, je renonce à ton amitié, parce que tu souffles de la même bouche le chaud et le froid. »
Concluons que nous aussi nous devons fuir l’amitié de ceux dont le caractère est ambigu.
(Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927, p. 29-30, Traduction d’Émile Chambry)