Lucas Cranach l’Ancien, Le Jugement de Pâris

Le Jugement de Pâris, par Lucas Cranach l'Ancien, peut-être vers 1528
Le Jugement de Pâris, par Lucas Cranach l’Ancien, peut-être vers 1528

Lucas Cranach l’Ancien réinterprète le mythe grec du jugement de Pâris avec une sensualité toute nordique.

Il déploie ici sa maîtrise dans l’art de représenter le nu féminin, livrant trois silhouettes aux proportions allongées et aux chairs d’albâtre. La scène se déroule dans un paysage typique, où l’arbre tortueux divise l’espace pictural et conduit notre regard vers un lointain bleuté ponctué de reliefs escarpés et d’une cité médiévale. Le contraste saisissant entre l’armure de Pâris, allongé nonchalamment, et la nudité des déesses crée une tension visuelle. Mercure est figuré en guerrier germanique plutôt qu’en messager antique. La composition révèle une attention méticuleuse au détail : colliers identiques ornant les cous des déesses, transparence du globe de verre substitué à la pomme d’or traditionnelle, ou encore Cupidon volant dans son nuage turquoise.

Pour aller plus loin

Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) est l’une des figures majeures de la Renaissance allemande, aux côtés de Dürer et Holbein. Ce maître polyvalent développe un style reconnaissable, caractérisé par l’allongement des figures, des contours précis et des couleurs éclatantes.

Ami proche de Martin Luther et fervent partisan de la Réforme, il devient également l’un des principaux propagandistes visuels du protestantisme naissant. Parallèlement, ses représentations de Vénus, de nymphes et de scènes mythologiques font de lui un maître incontesté du nu féminin dans l’art germanique. À la tête d’un vaste atelier familial, Cranach a su allier génie artistique et sens aigu des affaires, léguant à la postérité un univers pictural d’une grâce singulière.