
Cette allégorie de 1654 illustre la réconciliation entre Justice et Paix dans un paysage idyllique. La Hyre représente ces vertus sous les traits de deux femmes enlacées près d’une fontaine antique.
La Justice, en bleu, tient balance et épée, attributs de l’équité et du châtiment. La Paix, drapée d’ocre, dépose les armes guerrières, symbolisant la fin des conflits. L’inscription latine « Justitia et Pax osculatae sunt » (Psaume 85:10) orne le monument, soulignant l’inspiration biblique. Le paysage pastoral, aux arbres dorés et moutons paissant, évoque l’harmonie retrouvée. Cette composition, peinte lors de la fin de la Fronde, véhicule un message politique subtil : la nécessité de réconcilier ordre monarchique et justice parlementaire. La technique raffinée de La Hyre mêle influences de Poussin et de la peinture nordique.
Pour aller plus loin
- Le Baiser de la Paix et de la Justice, par Laurent de La Hyre, en 1654
- 54.9 x 76.2 cm (21 5/8 x 30 in.)
- The Cleveland Museum of Art, exposé en 212, peinture et sculpture baroques
- https://www.clevelandart.org/art/1971.102
Peintre parisien majeur du 17e siècle, Laurent de La Hyre (1606-1656) incarne la transition entre maniérisme tardif et classicisme naissant. Formé dans l’atelier paternel, il développe un style personnel sans voyage italien, rarissime pour l’époque. Influencé par les estampes d’après les maîtres, il assimile les leçons de Poussin tout en conservant une sensibilité nordique héritée des primitifs flamands. Membre fondateur de l’Académie royale (1648), il excelle dans la peinture d’histoire, les allégories et les paysages. Son œuvre, marquée par une palette claire et une composition équilibrée, témoigne de l’émergence d’un art français indépendant des modèles italiens, préfigurant les grandes réalisations de Le Brun et Lebrun.