
Cette œuvre expressive de Jean Vébert, « Les Parisiens tirant le diable par la queue » (vers 1920), illustre magistralement l’expression populaire dans une composition audacieuse qui mêle le fantastique au quotidien.
Dans un décor urbain aux tons sépia évoquant les façades parisiennes de l’après-guerre, une file de personnages s’arc-boute dans un effort collectif pour tirer un démon grimaçant. La progression des figures, du bourgeois en redingote à l’ouvrier en blouse, en passant par des femmes aux poses dramatiques, crée une diagonale dynamique qui traverse la toile. Le diable, créature hybride aux proportions démesurées, brandit sa fourche dans un geste théâtral. La palette chromatique, dominée par les ocres et les bruns, renforce l’atmosphère à la fois grotesque et mélancolique de la scène, tandis que le traitement des corps, entre réalisme et caricature, témoigne d’une maîtrise technique remarquable.
Pour en savoir plus
- Les Parisiens tirant le diable par la queue, peint par Jean Vébert vers 1920
- 88 x 145 cm
- Musée Carnavalet – Histoire de Paris, Paris Musées
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/les-parisiens-tirant-le-diable-par-la-queue
Jean Vébert (1864-1928) fut un artiste singulier, dont l’œuvre reste malheureusement méconnue aujourd’hui. Formé aux Beaux-Arts de Paris, il se distingua par son style unique mêlant réalisme social et symbolisme fantastique. Sa carrière, marquée par un engagement constant envers les thématiques sociales, produisit de nombreuses œuvres critiquant avec ironie les difficultés de la vie quotidienne dans le Paris de l’entre-deux-guerres. Ce tableau représente l’apogée de son art, alliant sa maîtrise technique à une vision incisive de la société de son temps.