
Dans cette œuvre de jeunesse, Jan Weenix réinterprète la parabole biblique de l’enfant prodigue avec une théâtralité toute baroque.
La scène principale se déroule au pied d’une colonnade majestueuse, où le jeune homme dilapide sa fortune en compagnie de personnages hauts en couleur. La composition est magistralement orchestrée : au premier plan, une femme en robe de satin s’abandonne dans une pose langoureuse, symbolisant les plaisirs terrestres qui séduisent le protagoniste. L’atmosphère de débauche est soulignée par les musiciens, les buveurs et même un combat de coqs, détail symbolique de la déchéance morale. Le cadre architectural grandiose, avec ses colonnes monumentales et ses guirlandes fleuries, contraste délibérément avec la nature profane de la scène. L’arrière-plan s’ouvre sur un port fantasmé, fusion poétique entre Orient et Occident, où les navires se découpent sur un ciel crépusculaire aux tonalités dorées, créant une atmosphère presque onirique.
Pour aller plus loin
La Partie de plaisir, peint par Jan Weenix, en 1667
80 x 107 cm
Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, exposé au Rez-de-Chaussée Salle 27 – Paris Musées
https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/la-partie-de-plaisir
Jan Weenix (1640 ou 1641 – 1719), dans cette œuvre de jeunesse, démontre déjà la maîtrise technique qui fera sa renommée. Fils du peintre Jan Baptist Weenix, il s’inscrit dans la grande tradition de la peinture hollandaise du Siècle d’Or tout en y insufflant une théâtralité et un exotisme singuliers.
Alors qu’il deviendra plus tard célèbre pour ses natures mortes de gibier et ses scènes de chasse sophistiquées, cette interprétation précoce de la parabole de l’enfant prodigue révèle son talent pour la composition complexe et sa capacité à mêler références bibliques et observations contemporaines. L’influence italianisante, perceptible dans l’architecture et l’atmosphère méditerranéenne, témoigne de l’impact du voyage en Italie sur les artistes nordiques de cette époque.