
Friedrich Amerling représente ici une jeune femme européenne parée d’un somptueux costume turc : turban doré aux plis savamment orchestrés, robe de soie bleue aux motifs floraux et châle de velours rouge. Cette toile de 1838 illustre parfaitement l’orientalisme romantique du 19e siècle.
Le traitement de la lumière, caressant les tissus précieux et modelant délicatement le visage, révèle la maîtrise technique de l’artiste. Les textures contrastées – soie chatoyante, velours profond, cuir patiné du livre – témoignent de l’influence des maîtres hollandais. Cette œuvre s’inscrit dans la vogue orientaliste européenne, où l’Orient fantasmé devient prétexte à déployer virtuosité picturale et sensualité exotique, sans véritable souci d’authenticité ethnographique.
Pour aller plus loin
- La Jeune Femme Orientale, par Friedrich Amerling, en 1838
- 88.5 x 71.5 cm (34 13/16 x 28 1/8 in.), huile sur toile
- The Cleveland Museum of Art, exposé en 219, 19e siècle européen
- https://www.clevelandart.org/art/1991.163
Portraitiste autrichien de premier plan, Friedrich Amerling (1803-1887) incarne l’art bourgeois viennois du 19e siècle. Issu d’un milieu modeste, il gravit les échelons artistiques grâce à ses études à l’Académie de Vienne, puis à Prague, avant son séjour déterminant à Londres où il rencontre Thomas Lawrence, figure tutélaire du portrait anglais. Après un passage parisien où il côtoie Vernet, il parfait sa formation à Rome au contact de l’art antique et renaissance. Ses voyages aux Pays-Bas, à Munich et Düsseldorf, où il rencontre le directeur de l’académie Friedrich Wilhelm von Schadow, enrichissent sa palette stylistique. Son apogée créative coïncide avec un second séjour romain où il collabore avec Leopold Pollak et August Riedel, spécialistes des « beautés italiennes ». Amerling développe alors une peinture de genre sentimentale, représentant des femmes seules dans des poses gracieuses, mêlant portrait mondain et exotisme orientalisant.