
L’éloquence dramatique du rococo français. Lemoyne saisit ici l’instant tragique où l’amour se heurte au destin ! Cette Vénus éplorée incarne toute la sensualité du rococo naissant : ses chairs nacrées contrastent avec le bleu outremer de ses drapés tandis qu’elle tente vainement de retenir Adonis.
Le peintre orchestre une symphonie visuelle où chaque détail compte : les putti complices dans les nues, les chiens impatients, la lumière dorée qui caresse les corps divins.
Le format vertical, délibérément choisi par l’artiste, magnifie cette scène mythologique en lui conférant une grandeur théâtrale. Lemoyne maîtrise parfaitement l’héritage rubénien tout en y insufflant cette grâce française si caractéristique du 18e siècle. La composition serpentine guide l’œil dans un ballet de passions où beauté et tragédie s’entremêlent. Cette commande de Carl Gustaf Tessin en 1729 révèle le goût cosmopolite des élites européennes pour l’art parisien triomphant.
Pour aller plus loin
- Vénus et Adonis, par François Lemoyne, en 1729
- 94 x 74 cm
- https://collection.nationalmuseum.se/en/collection/item/17857/
- Nationalmuseum, Stockholm, exposé salle 1603, 18e siècle
François Lemoyne (1688-1737) incarne l’apogée de la grande peinture décorative française. Premier peintre du roi Louis XV, il révolutionne l’art religieux et mythologique par sa palette claire et lumineuse, annonçant Boucher et Fragonard. Formé dans la tradition académique, Lemoyne transcende les modèles classiques pour créer un langage pictural d’une modernité éclatante. Sa carrière fulgurante, couronnée par les plafonds de Versailles, fait de lui le chaînon essentiel entre le Grand Siècle et les fastes rococo.