
Cette remarquable scène de marché illustre avec une précision ethnographique saisissante la diversité culturelle et commerciale de Batavia, capitale des Indes orientales néerlandaises au 17e siècle.
Le peintre déploie ici un véritable inventaire des richesses tropicales : ananas, mangoustans, durians, rambutans et autres fruits exotiques s’étalent dans une profusion colorée qui témoigne de la prospérité du commerce colonial. La composition révèle l’interaction harmonieuse entre les différentes communautés : le marchand chinois négocie avec trois femmes javanaises dans une scène d’échange quotidien. Chaque détail porte une charge documentaire : la feuille manuscrite identifiant les fruits, les noix de bétel dans leurs emballages traditionnels, la laque siamoise du récipient, ou encore le cacatoès blanc perché sur la palissade de bambou. Cette œuvre transcende la simple nature morte pour devenir un témoignage anthropologique unique sur la société métissée de l’archipel indonésien, où se mêlent traditions locales, influences chinoises et présence européenne dans un cosmopolitisme commercial fascinant.
Pour aller plus loin :
- Un étal de marché à Batavia, attribué à Andries Beeckman, c. 1640 – c. 1666
- 106 x 175.5 cm
- The Rijksmuseum, Amsterdam
- https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/object/A-Market-Stall-in-Batavia–cded1111f2cbf27f9e5894272e12327e
Andries Beeckman (vers 1628-1664) demeure l’un des peintres les plus singuliers de l’âge d’or hollandais, connu pour ses représentations des territoires coloniaux néerlandais. Il s’installe dans les Indes orientales néerlandaises où il développe un style documentaire unique, mêlant tradition européenne et observation directe des réalités tropicales. Ses œuvres constituent un témoignage iconographique rare sur la société coloniale du 17e siècle, particulièrement sur Batavia (actuelle Jakarta) et ses environs. Peu d’oeuvre de sa main sont connues.