Mary Cassatt, Après la corrida

Après la corrida, par Mary Cassatt, en 1873
Après la corrida, par Mary Cassatt, en 1873

Un moment de quiétude volé à la fureur de l’arène ! Mary Cassatt nous transporte dans l’intimité d’un torero avec une maestria saisissante.

Dans « Après la corrida » (1873), l’artiste capture l’essence même de l’Espagne traditionnelle à travers ce portrait empreint de vérité.

Le torero, paré de son « traje de luces » scintillant d’ornements argentés et rehaussé de touches écarlates, s’accorde un instant de repos en allumant une cigarette. Son geste, d’une banalité quotidienne, contraste magnifiquement avec la solennité de son costume d’apparat. La lumière caresse délicatement les broderies somptueuses tandis que l’arrière-plan sombre accentue la présence imposante du sujet. Le cadrage serré et le traitement pictural vigoureux témoignent d’une sensibilité résolument moderne, où la texture et la couleur priment sur l’anecdote. Cassatt nous livre ici une œuvre d’une intensité rare, où se mêlent fascination pour les traditions ibériques et regard novateur.

Pour aller plus loin

Mary Cassatt (1844-1926), américaine expatriée à Paris, fut l’une des rares femmes à intégrer le cercle impressionniste. Son séjour à Séville en 1872-1873 marque un tournant décisif dans sa carrière. Inspirée par Manet et Velázquez, elle développe alors une palette plus vibrante et une touche plus assurée.

Bien qu’elle soit davantage connue pour ses scènes intimistes de la vie quotidienne féminine et ses portraits d’enfants, cette incursion dans l’univers masculin de la tauromachie révèle l’audace et la curiosité d’une artiste en pleine maturation. « Après la corrida » annonce déjà la puissance expressive qui fera sa renommée internationale dans les décennies suivantes.