
Winterhalter représente Sophie Guillemette dans un paysage naturel, rompant avec les conventions du portrait de cour traditionnel. Ce portrait de 1831 illustre l’élégance aristocratique de l’époque romantique.
La grande-duchesse, fille du roi Gustave IV Adolphe de Suède et épouse du grand-duc Léopold de Bade, pose dans une robe blanche Empire aux manches bouffantes, rehaussée d’un châle ocre aux motifs orientalisants. Sa coiffure sophistiquée, ornée de bijoux, témoigne du raffinement de la cour badoise. Le peintre maîtrise parfaitement la technique du portrait mondain : carnation nacrée, étoffes soyeuses, jeu subtil des transparences. Le décor forestier, traité dans la tradition paysagiste allemande, humanise cette représentation officielle. Cette œuvre précède la carrière parisienne de Winterhalter, révélant déjà son talent pour sublimer ses modèles aristocratiques tout en conservant une vérité psychologique saisissante.
Pour aller plus loin
- Sophie Guillemette, grande-duchesse de Bade (1801-1865), par Franz Xaver Winterhalter, en 1831
- 39.1 x 28.5 cm (15 3/8 x 11 1/4 in.)
- The Cleveland Museum of Art, exposé en 219, 19e siècle européen
- https://www.clevelandart.org/art/1979.43
Maître incontesté du portrait aristocratique européen, Franz Xaver Winterhalter (1805-1873) incarne l’art mondain du 19e siècle. Né à Menzenschwand en Forêt-Noire, il se forme au graphisme à Fribourg-en-Brisgau (1818-1823) chez Karl Ludwig Schuler avant de rejoindre Munich comme lithographe. Son apprentissage dans l’atelier de Joseph Stieler, portraitiste de Louis Ier de Bavière et ancien élève de François Gérard, forge sa vocation de peintre de cour. Après un séjour italien formateur (1832-1834) dans le cercle de Vernet, il devient peintre officiel de la cour de Bade avant son installation parisienne décisive (1834). Sa carrière fulgurante le mène des Tuileries sous Louis-Philippe à la cour de Napoléon III, jusqu’à devenir le portraitiste favori de la reine Victoria. Il meurt du typhus à Francfort en 1873, laissant une œuvre considérable.