
Cette œuvre de Mattia Preti, peinte en 1663, nous plonge dans un moment crucial de la Passion du Christ, traité avec une intensité dramatique caractéristique du baroque italien. Le peintre met en scène Ponce Pilate dans un geste devenu symbole universel du déni de responsabilité : le lavage des mains.
La composition magistrale s’articule autour de cette figure monumentale, vêtue de noir et coiffée d’un turban bleu, qui domine la scène depuis une position surélevée. L’artiste innove en donnant une place centrale au jeune serviteur africain, dont le regard pénétrant et l’expression traduisent toute la gravité morale de l’instant. À l’arrière-plan, dans la pénombre, on distingue la silhouette du Christ emmené vers son supplice, créant ainsi une profondeur narrative et spatiale remarquable. Le clair-obscur intense, typique du caravagisme, dramatise la scène, tandis que les touches de rouge vif ponctuent stratégiquement la composition, guidant le regard du spectateur.
Pour aller plus loin
- Pilate se lavant les mains, de Mattia Preti, en 1663
- 206.1 x 184.8 cm
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé dans la Galerie 620
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/437333
Mattia Preti (1613-1699), surnommé « Il Cavalier Calabrese », fut l’un des grands maîtres du baroque italien. Formé à Rome dans le sillage du Caravage, il développa un style personnel alliant monumentalité des figures et intensité dramatique. Cette œuvre, réalisée durant sa période maltaise (après 1661), témoigne de sa maturité artistique et de son habileté à traiter les sujets bibliques avec une modernité saisissante. Son séjour à Malte, où il devint Chevalier de l’Ordre de Saint-Jean, lui permit d’observer une société méditerranéenne cosmopolite qui influença sa manière de représenter la diversité humaine dans ses œuvres religieuses.