Lucas Cranach l’Ancien : Adam et Ève

Adam et Ève, en 1528, par Lucas Cranach l'Ancien
Adam et Ève, en 1528, par Lucas Cranach l’Ancien

Adam et Ève (1528) illustre l’art de la Renaissance nordique avec sa représentation du couple primordial dans le jardin d’Éden.

Cranach dépeint Adam et Ève au moment crucial de la tentation, Eve tendant le fruit défendu à Adam sous le regard du serpent enroulé autour de l’Arbre de la Connaissance. La composition équilibrée place les deux figures nues dans un paysage luxuriant où chaque détail symbolique compte : les pommes rouges évoquent la tentation, les feuillages dissimulent pudiquement les corps, tandis que le cerf au premier plan rappelle l’harmonie originelle du Paradis. La technique minutieuse de Cranach révèle son héritage flamand : chairs nacrées aux modelés délicats, rendu précis de la nature environnante, et cette lumière dorée caractéristique qui baigne la scène d’une atmosphère à la fois idyllique et dramatique, saisissant l’instant précédant la Chute.

Pour aller plus loin

  • Adam et Ève, en 1528, par Lucas Cranach l’Ancien
  • 56.8 × 34.9 cm (22 3/8 × 13 3/4 inches), Huile sur panneau de bois (transfert)
  • Detroit Institute of Arts, don d’Anne et Henry Ford II, 62.279, exposé en Europe médiévale et Renaissance
  • https://dia.org/collection/adam-and-eve-41598

Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) demeure l’une des figures les plus influentes de la Renaissance allemande et du mouvement protestant naissant. Né à Kronach en Franconie, il s’installa définitivement à Wittemberg en 1505 comme peintre de cour de Frédéric III de Saxe, puis de ses successeurs. Cette position privilégiée lui permit de développer un atelier prospère et de nouer des liens durables avec les grands réformateurs, notamment Martin Luther dont il fut l’ami intime et le portraitiste attitré. Cranach révolutionna l’art religieux en créant une iconographie protestante originale, tout en excellent dans le portrait de cour et les scènes mythologiques. Son style caractérisé par des lignes serpentines, une palette raffinée, influença durablement l’école saxonne. Maître prolifique, il produisit plus de 5000 œuvres, faisant du thème d’Adam et Ève l’un de ses sujets de prédilection.