
Dans cette « Nature morte avec singe, fruits et fleurs » de 1724, Jean-Baptiste Oudry orchestre une rencontre entre civilisation et instinct sauvage.
Le festin de fruits est d’une opulence remarquable : pêches veloutées, grappes de raisins translucides, melons entrouverts révélent leur chair écarlate. L’équilibre de cette composition est délicieusement perturbé par l’intrusion d’un singe au pelage doré qui, dans un élan d’audace, s’aventure depuis la balustrade. Son regard vif et sa posture alerte créent une tension dramatique au cœur de cette scène.
Le fond paysager aux teintes bleutées, les roses trémières qui s’élancent à droite et le vase de fleurs à gauche complètent ce théâtre de séduction visuelle. Oudry déploie ici une virtuosité technique dans le rendu des textures – duvet des pêches, brillance des raisins, velouté des pétales – tout en insufflant une vivacité narrative qui transcende le genre.
Pour aller plus loin
- Nature morte avec singe, fruits et fleurs, de Jean-Baptiste Oudry, en 1724
- 141.6 x 144.8 cm (55 3/4 x 57 in.)
- The Art Institute of Chicago
- https://www.artic.edu/artworks/94126/still-life-with-monkey-fruits-and-flowers
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) s’imposa comme l’un des maîtres de la peinture animalière et de la nature morte sous le règne de Louis XV. Formé auprès de Nicolas de Largillierre, il sut conquérir la faveur royale grâce à son talent pour saisir tant l’anatomie que le caractère des animaux. Nommé peintre officiel des chasses royales en 1726, il fut également directeur artistique de la Manufacture de Beauvais.
Son œuvre se caractérise par une fusion entre l’héritage des grands maîtres flamands du siècle précédent et la sensibilité rococo française. Sa maîtrise des effets de lumière, son goût pour les compositions narratives et son sens aigu de l’observation font de lui une figure essentielle dans l’évolution de la peinture décorative française du 18e siècle, anticipant l’approche plus naturaliste qui s’épanouira dans les décennies suivantes.