Jacob van Ruisdael : Le Moulin à vent de Wijk bij Duurstede

Le Moulin à vent de Wijk bij Duurstede, par Jacob Isaacksz van Ruisdael, vers 1668-1670
Le Moulin à vent de Wijk bij Duurstede, par Jacob Isaacksz van Ruisdael, vers 1668-1670

Le Moulin à vent de Wijk bij Duurstede illustre l’apogée de l’art paysager hollandais du Siècle d’Or.

Peinte entre 1668 et 1670, cette œuvre emblématique de Jacob van Ruisdael synthétise magistralement les éléments constitutifs de l’identité néerlandaise : vastes étendues d’eau, ciels dramatiques et architecture vernaculaire. La composition pyramidale converge vers le moulin cylindrique, véritable protagoniste de la scène, qui domine fièrement le château et l’église de Wijk bij Duurstede. La rivière Lek, au premier plan, reflète la lumière changeante tandis que les bateaux ponctuent l’horizon aquatique. La palette chromatique oppose les ocres dorés du moulin aux gris orageux du ciel, créant un contraste saisissant. Ruisdael transforme un paysage familier en vision grandiose, révélant la beauté des terres basses néerlandaises et l’ingéniosité humaine face aux éléments.

Pour aller plus loin

Jacob Isaacksz van Ruisdael (1628-1682), maître incontesté du paysage baroque hollandais, révolutionne la représentation de la nature par sa vision dramatique et mélancolique. Né à Haarlem dans une famille de peintres, il se formerait auprès de son oncle Salomon van Ruysdael avant de développer un style personnel d’une rare intensité. Contrairement à ses contemporains qui privilégient souvent des vues idylliques, Ruisdael explore les aspects les plus sauvages et théâtraux de la nature : ciels tourmentés, cascades tumultueuses, forêts sombres et ruines mélancoliques. Son œuvre témoigne d’une observation minutieuse de la réalité néerlandaise. Installé à Amsterdam dès 1656, il influence profondément l’école paysagère hollandaise et inspire les générations futures. Sa capacité à insuffler une dimension métaphysique aux motifs prosaïques fait de lui un précurseur de la modernité picturale.