Gustave Moreau réinvente ici le mythe d’Œdipe avec une sensualité troublante et une grande richesse symbolique . Le sphinx, créature hybride à la fois féline et féminine, s’enlace autour du héros dans une étreinte à la fois séduisante et mortelle.
Le traitement des corps, d’une beauté idéalisée, révèle l’influence de la Renaissance italienne, tandis que les détails précieux et la palette aux teintes profondes évoquent les primitifs flamands. L’atmosphère crépusculaire, rehaussée par les falaises vertigineuses et le ciel orageux, crée un décor mystérieux et onirique. Les débris macabres au premier plan, traités avec une minutie archéologique, rappellent le prix de l’échec face à l’énigme. La composition verticale et la tension dramatique entre les deux protagonistes traduisent magistralement la confrontation entre l’intelligence humaine et le mystère divin.
Cette imagerie a influencé de nombreux artistes et écrivains, dont Odilon Redon et Oscar Wilde.
Pour aller plus loin
- Œdipe et le sphinx, par Gustave Moreau, en 1864
- 206.4 × 104.8 cm
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé dans la Galerie 800
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/437153
Gustave Moreau (1826-1898) est l’une des figures les plus singulières de la peinture française du XIXe siècle. Artiste érudit et visionnaire, il développe un style unique qui transcende les courants de son époque. Son œuvre, nourrie de références mythologiques et ésotériques, se caractérise par une technique picturale sophistiquée et une imagination débordante.
Maître vénéré à l’École des Beaux-Arts, il influença profondément le mouvement symboliste et ouvrit la voie aux explorations surréalistes du siècle suivant. Son atelier-musée, préservé intact à Paris, témoigne encore aujourd’hui de l’univers extraordinaire de cet artiste hors norme.