Cette esquisse monumentale d' »Apollon et Daphné » de George Desvallières, peinte vers 1889-1890, témoigne de la fougue créatrice du jeune artiste sous l’influence de Gustave Moreau.
L’œuvre transpose l’épisode de la nymphe métamorphosée en laurier d’Ovide avec une liberté picturale saisissante : les empâtements et la gestuelle expressive révèlent un tempérament artistique déjà affranchi des conventions académiques. La composition dynamique oppose les deux protagonistes dans un tourbillon chromatique où dominent les ocres brûlés, les bleus profonds et les rouges carmin. Cette esquisse annonce les audaces coloristes du fauvisme que Desvallières soutiendra plus tard au Salon d’automne. L’artiste déploie ici un langage plastique novateur, mêlant références mythologiques et modernité picturale. Cette œuvre illustre parfaitement sa capacité à transcender l’héritage symboliste pour ouvrir de nouvelles voies expressives, préfigurant sa future évolution vers l’art sacré.
Pour aller plus loin
- George Desvallières, Apollon et Daphné, vers 1889 – 1890, Reims, Musée des Beaux-Arts (inv. 2007.7.1) Photo : © Christian Devleeschauwer
- 350 x 250 cm
- https://musees-reims.fr/oeuvre/apollon-et-daphne
George Desvallières (1861-1950) incarne un parcours artistique singulier, marqué par une double révolution esthétique et spirituelle. Formé auprès d’Élie Delaunay puis profondément influencé par Gustave Moreau, il développe d’abord un style symboliste nourri de mythologie antique. Président du Salon d’automne, surnommé « l’oncle des fauves » en 1905, il soutient les avant-gardes naissantes. La Grande Guerre transforme sa vision artistique : la mort de son fils Daniel en 1915 et ses propres épreuves au front le conduisent à consacrer son art aux thèmes religieux. Cofondateur avec Maurice Denis des Ateliers d’art sacré en 1919, il devient l’un des grands rénovateurs de la peinture religieuse moderne, prône un art spirituel accessible au plus grand nombre et réconcilie tradition chrétienne et langage contemporain.
