
Paris, années 1780. Dans son atelier, Jean-Honoré Fragonard fait le portrait d’un jeune garçon au regard direct, drapé dans un manteau chatoyant. Le peintre ne cherche pas la perfection lisse de ses contemporains. Il veut la vie, le mouvement, l’instant.
Une peinture qui respire
Le visage émerge d’un fond brun profond, presque nocturne. Les joues rosées captent une lumière douce qui fait briller les yeux clairs de l’enfant. Sa chevelure châtain ondule avec une liberté qui contraste avec la rigueur des portraits officiels. Fragonard travaille par touches rapides et fluides. Le col blanc se dissout en éclats lumineux. Le manteau brun s’ouvre sur une doublure rouge vermillon qui fait pétiller la composition. Cette technique nerveuse, presque esquissée, révèle l’influence de Rubens et Rembrandt plutôt que celle de François Boucher, son maître rococo.
Un dialogue avec les maîtres flamands
Dans les années 1780, Fragonard s’éloigne des scènes galantes qui ont fait sa renommée. Il explore une peinture plus intime, plus contemplative. Ce petit format témoigne d’une recherche personnelle. L’artiste collectionne et étudie les œuvres flamandes et hollandaises. Il adopte leur palette brune et leur touche expressive. Le costume du 17e siècle n’est pas anodin : c’est un hommage direct à ces maîtres du passé. Certains y voient Alexandre Évariste, le propre fils de Fragonard, mais rien ne le confirme formellement.
Jean-Honoré Fragonard
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) reste l’un des plus grands noms de la peinture française du 18e siècle. De ses fêtes galantes à ses portraits intimistes, il démontre une virtuosité technique exceptionnelle et une sensibilité rare.
Une question pour vous
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À propos de cette œuvre
- Jeune garçon au manteau doublé de rouge
- Jean-Honoré Fragonard
- Années 1780
- Huile sur bois
- 20,8 × 16 cm
- The Cleveland Museum of Art
- https://www.clevelandart.org/art/1942.49






