Albrecht Dürer : Autoportrait au manteau de fourrure

Autoportrait au manteau de fourrure, Albrecht Dürer, 1500, Alte Pinakothek, Munich
Autoportrait au manteau de fourrure, Albrecht Dürer, 1500, Alte Pinakothek, Munich

Nuremberg, 1500. Albrecht Dürer a 28 ans et s’apprête à peindre l’autoportrait le plus audacieux de la Renaissance. Face au miroir, il choisit une posture inédite : la frontalité absolue, celle réservée au Christ.

Un regard qui défie l’éternité

Dürer se représente de face, les yeux plantés dans ceux du spectateur. Ses cheveux châtains ondulent en boucles parfaites, cascade soigneusement travaillée qui encadre un visage aux traits réguliers. La main droite émerge de l’ombre, doigts délicatement posés sur le col de fourrure brune qui enveloppe ses épaules. Le fond noir intense fait ressortir chaque détail. La technique sur bois de tilleul permet cette précision, cette capacité à rendre visible chaque poil de fourrure, chaque nuance de peau. Le monogramme « AD » et l’inscription latine « Ainsi moi, Albrecht Dürer de Nuremberg, je me suis créé » affirment une présence souveraine.

Une révolution du regard artistique

En empruntant la composition des icônes du Christ bénissant, Dürer franchit une limite symbolique majeure. À une époque où l’artiste reste un artisan, il revendique un statut quasi divin : celui de créateur. Cette frontalité christique n’est pas blasphème mais affirmation humaniste. L’artiste allemand proclame que peindre, c’est participer à l’acte créateur lui-même. Ce tableau manifeste le statut nouveau de l’artiste dans l’Europe de la Renaissance.

Albrecht Dürer, le maître de Nuremberg

Albrecht Dürer (1471-1528) révolutionne l’art allemand par ses voyages en Italie et ses innovations techniques. Peintre, graveur, théoricien, il maîtrise perspective mathématique et rendu naturaliste. Cet autoportrait synthétise son génie : précision flamande et ambition italienne.

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