Franz Marc : Tyrol

Tyrol, Franz Marc, 1914, Bayerische Staatsgemäldesammlungen – Sammlung Moderne Kunst in der Pinakothek der Moderne, Munich
Tyrol, Franz Marc, 1914, Bayerische Staatsgemäldesammlungen – Sammlung Moderne Kunst in der Pinakothek der Moderne, Munich

Munich, 1914. Franz Marc retravaille fiévreusement sa toile après l’avoir retirée du Salon d’Automne. L’Europe bascule vers la guerre. Le peintre transforme son paysage tyrolien en prophétie mystique.

Un paysage en éclats de cristal

Observez cette explosion de couleurs. Les Alpes se fragmentent en facettes brillantes. Marc travaille par plans géométriques superposés. Les montagnes ressemblent à des cristaux de roche illuminés de l’intérieur. Au centre, une figure, Marie sur son croissant de lune. Comme une apparition fantomatique, elle flotte dans ce chaos coloré. À gauche, un arbre noir abattu barre la composition en diagonale. Telle une faux menaçante, il incarne la mort qui rôde. Le contraste est saisissant entre cette terre désolée et l’architecture des montagnes.

Une allégorie de la fin des temps

Franz Marc peint « Tyrol » au printemps 1913, après son voyage dans les Alpes italiennes. Insatisfait de sa première version naturaliste, il intègre une dimension apocalyptique. Marie devient la Vierge de Miséricorde protégeant une terre menacée. L’œuvre unit phénomène naturel et récit chrétien. Pour Marc, cette figure représente « la foi triomphante dans la puissance de l’esprit sur la matière ». La technique s’inspire de l’orphisme de Delaunay et du futurisme italien. Les tours Eiffel prismatiques de Delaunay se métamorphosent ici en univers mystique.

L’expressionnisme spirituel de Franz Marc

Cofondateur du Blaue Reiter en 1911, Franz Marc (1880-1916) cherche à exprimer l’essence spirituelle du monde. Il utilise la couleur comme langage symbolique. Sa peinture facettée transforme le visible en vision intérieure. « Tyrol » annonce tragiquement sa propre mort en 1916, à Verdun.

Une question pour vous

💭 Face à cette terre brisée qui se recompose en cathédrale de lumière, comment l’art peut-il encore croire au renouveau quand tout s’effondre ?

À propos de cette œuvre