Benjamin West : Thétis apportant l’armure à Achille

Thétis apportant l'armure à Achille, Benjamin West, 1804, Los Angeles County Museum of Art (LACMA)
Thétis apportant l’armure à Achille, Benjamin West, 1804, Los Angeles County Museum of Art (LACMA)

Londres, 1804. Benjamin West capture l’instant le plus poignant de l’Iliade : une mère immortelle offre à son fils mortel l’armure qui le mènera à la gloire et à la mort.

La grâce néoclassique au service du mythe

Thétis se tient sur la droite, majestueuse dans sa semi-nudité drapée de tissu. Elle présente le casque forgé par Héphaïstos, dont le panache écarlate flamboie contre les tons sourds du paysage. Achille, assis sur une couche ornée de motifs antiques, lève les yeux vers elle avec une intensité troublante. West maîtrise la technique de l’huile sur toile pour créer des carnations lumineuses et des étoffes chatoyantes. Les couleurs chaudes – rouge vermillon, or poli – contrastent avec les gris-bleu du ciel. À gauche, Patrocle repose, pâle, rappelant la raison de ce réarmement fatal. La composition pyramidale guide le regard vers ce casque, objet du destin.

Benjamin West, un américain formé à Londres

En 1804, Benjamin West (1738-1820) est au sommet de sa carrière londonienne. Cet artiste né en Pennsylvanie s’est imposé comme peintre d’histoire à la cour britannique. À cette époque, les sujets mythologiques dominent les salons européens. West puise dans l’Antiquité grecque pour toucher un public cultivé, celui qui apprécie les références à Homère. Cette toile de format modeste (68,6 x 50,8 cm) appartient à une série explorant les héros tragiques. Le néoclassicisme de West allie rigueur académique et émotion narrative. Émigré d’Amérique, West incarne ce mouvement artistique transatlantique où les colons fortunés importaient le goût britannique. Peintre de George III, il forme toute une génération d’artistes américains venus étudier à Londres.

Une question pour vous

💭 West mobilise-t-il l’Antiquité grecque pour rivaliser avec l’académisme européen ou pour fonder une nouvelle autorité artistique anglo-saxonne ?

À propos de cette œuvre