
La Guérison de Tobit, vers 1625 : cette huile sur toile illustre l’épisode biblique tiré du Livre de Tobie, moment culminant où s’opère la guérison miraculeuse.
La composition organise trois figures autour du patriarche Tobit. Son fils Tobie applique le fiel d’un poisson sur les yeux paternels, tandis que l’ange Raphaël, reconnaissable à ses ailes déployées, révèle sa nature divine.
Strozzi déploie ici sa maîtrise coloriste génoise : les rouges éclatants des vêtements contrastent avec les verts sourds et les blancs nacrés. L’éclairage théâtral sculpte les volumes et accentue l’intensité dramatique. La facture libre et les empâtements révèlent l’influence de Rubens sur l’artiste. Cette œuvre synthétise parfaitement l’art de la Contre-Réforme : récit édifiant, émotion religieuse et virtuosité picturale s’unissent pour toucher le fidèle et magnifier la Providence divine.
Pour aller plus loin
- La Guérison de Tobit, vers 1625, par Bernardo Strozzi
- 42.7 x 65.5 cm (16 13/16 x 25 13/16 in.)
- The Cleveland Museum of Art, non exposé
- https://www.clevelandart.org/art/1993.5
Surnommé « Il Cappuccino » en raison de son appartenance à l’ordre des Capucins, Bernardo Strozzi (1581-1644) demeure l’une des figures majeures de l’École génoise du 17e siècle. Formé dans la tradition maniériste locale, il s’émancipe rapidement de ses maîtres pour développer un style personnel conjuguant l’héritage vénitien de Véronèse et l’influence flamande de Rubens. Après avoir quitté les ordres vers 1610, il s’établit comme peintre et développe une clientèle aristocratique et bourgeoise. Contraint de fuir Gênes en 1630 pour échapper aux poursuites de son ancien ordre, il s’installe définitivement à Venise où il achève sa carrière. Son œuvre, oscillant entre sujets religieux et scènes de genre, se caractérise par une palette riche, une facture libre et une expressivité dramatique qui influencera durablement la peinture baroque italienne.