Bernardino Mei : Allégorie de la Jusitce

Allégorie de la Justice, par Bernardino Mei en 1656, photo Cecilia Heisser/Nationalmuseum
Allégorie de la Justice, par Bernardino Mei en 1656, photo Cecilia Heisser/Nationalmuseum

Cette allégorie baroque de Bernardino Mei déploie une symbolique raffinée dans un style caractéristique du 17e siècle.

La figure féminine centrale personnifie la Justice, reconnaissable à ses attributs traditionnels : la balance et l’épée, symboles respectifs de l’équité et du pouvoir de sanctions. Sa posture noble et son regard déterminé expriment la fermeté du jugement. Les riches draperies aux couleurs vives – rouge cardinal, jaune doré et vert émeraude – témoignent de la majesté de cette vertu cardinale. Cette composition théâtrale, baignée d’un clair-obscur saisissant, illustre parfaitement l’art de la contre-réforme qui privilégiait l’impact émotionnel pour transmettre des valeurs morales.

Pour aller plus loin

Bernardino Mei (1612-1676), né à Sienne, se forma d’abord au dessin chez Giuliano Periccioli puis à la peinture auprès de Rutilio Manetti et probablement Francesco Rustici, bien que ses maîtres restent incertains selon les sources. Après avoir œuvré dans sa ville natale, il fut appelé à Rome en 1657 par le pape Alexandre VII (cardinal Fabio Chigi), où il subit l’influence déterminante de Gian Lorenzo Bernini (le Bernin) avec qui il entretint une profonde amitié. Cette relation lui permit d’assimiler l’art de la « sculpture vivante » et de l’effet scénographique baroque, qu’il traduisit dans ses peintures mythologiques et allégoriques. Bien que longtemps considéré comme un simple imitateur des maîtres (Véronèse, les Carrache, le Guerchin), au point qu’une de ses fresques fut attribuée au Guerchin jusqu’au XIXe siècle, son œuvre a été récemment réévaluée. Polyvalent, il travailla pour les cours siennoise et romaine des Chigi, ainsi que pour les Piccolomini, démontrant sa maîtrise de techniques diverses, du grand format décoratif à la miniature.