
Cette nature morte illustre l’influence du Caravage sur l’art italien du début du 17e siècle.
Cavarozzi déploie une composition d’une simplicité saisissante : fruits et feuillages débordent d’une corbeille d’osier sur fond neutre, créant un effet de trompe-l’œil. L’observation directe de la nature, prônée par l’académie Crescenzi, transparaît dans chaque détail : nervures translucides des feuilles de vigne, grains de raisin aux reflets nacrés, texture rugueuse du coing marqué par les piqûres d’insectes, grenade éclatée révélant sa chair rubis. Cette vérité naturaliste s’épanouit grâce au clair-obscur hérité du maître lombard, opposant les volumes sculptés par la lumière aux profondeurs mystérieuses de l’ombre. L’artiste transcende la simple représentation pour atteindre une poésie du quotidien, où la beauté des fruits périssables évoque la fragilité de l’existence humaine selon la tradition vanitas.
Pour aller plus loin
- Corbeille de fruits, par Bartolomeo Cavarozzi ou le Maître de la Nature morte à l’Acquavella, vers 1620
- 49.5 × 67.9 cm (19 1/2 × 26 3/4 in.), huile sur toile
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, non exposé
- https://www.metmuseum.org/art/collection/search/816624
Bartolomeo Cavarozzi (1587-1625), peintre italien actif entre Rome et l’Espagne, fut l’un des disciples les plus talentueux de la révolution caravagesque. Formé dans l’entourage de Giovanni Battista Crescenzi, architecte et mécène éclairé, il assimila les leçons du naturalisme lombard tout en développant un style personnel d’une rare sensibilité. Son séjour madrilène (1617-1619) enrichit sa palette et affina sa technique. Spécialiste reconnu de la nature morte et de la peinture religieuse, Cavarozzi sut allier rigueur d’observation et lyrisme poétique, contribuant à l’épanouissement de ce genre pictural en Italie et en Espagne. Sa mort prématurée interrompit une carrière prometteuse qui avait su concilier fidélité caravagesque et innovation personnelle.