Gérard de Lairesse : Hermès ordonnant à Calypso de libérer Ulysse

Hermès ordonnant à Calypso de libérer Ulysse, vers 1670, par Gérard de Lairesse
Hermès ordonnant à Calypso de libérer Ulysse, vers 1670, par Gérard de Lairesse

Hermès ordonnant à Calypso de libérer Ulysse (vers 1670) illustre l’épisode homérique où Hermès, messager divin, intervient pour libérer Ulysse de sa captivité dorée chez la nymphe Calypso.

Lairesse déploie une mise en scène baroque grandiose : au centre, Calypso, somptueusement parée, étreint passionnément le héros grec tandis qu’Hermès surgit des nuées, drapé de rouge. La luxuriance du décor – tissus précieux, orfèvrerie, putti voltigeant – contraste avec la mélancolie d’Ulysse, nostalgique de sa patrie. L’architecture monumentale et les draperies théâtrales révèlent l’influence du classicisme français sur l’art hollandais. Les tons chauds, l’éclairage dramatique et la gestuelle emphatique des personnages créent une tension narrative saisissante entre désir et devoir, captivité et liberté. Cette œuvre témoigne de la maîtrise de Lairesse dans l’art de traduire les passions humaines à travers le prisme de la mythologie antique.

Pour aller plus loin

  • Hermès ordonnant à Calypso de libérer Ulysse, vers 1670, par Gérard de Lairesse
  • 91.4 x 113.7 cm (36 x 44 3/4 in.)
  • The Cleveland Museum of Art, exposé salle 215, France, Allemagne et Hollande
  • https://www.clevelandart.org/art/1992.2

Gérard de Lairesse (1640-1711), surnommé le « Poussin hollandais », révolutionna la peinture néerlandaise en y introduisant les canons du classicisme français. Né à Liège, formé dans l’atelier paternel, il s’installa à Amsterdam vers 1665 où il développa un style académique inspiré de Le Brun et Poussin. Théoricien autant qu’artiste, il prôna la hiérarchie des genres et l’idéalisation de la nature dans ses écrits, notamment « Le Grand Livre des peintres » (1707). Spécialiste des grandes compositions allégoriques et mythologiques, il rivalisa avec les maîtres français par sa science de la perspective et son sens du décorum, influençant durablement l’école hollandaise vers un art noble et édifiant, loin du réalisme traditionnel des Pays-Bas.