
Dans cette scène d’une remarquable sobriété, Janssens Elinga élève une simple tâche domestique au rang de méditation picturale.
L’intérieur hollandais, baigné d’une lumière douce filtrant à travers les vitres à croisillons, est construit comme un exercice de géométrie pure. La femme, vue de dos dans sa robe bleue et son corsage brun, devient le point focal d’une composition rigoureusement orchestrée. Le damier du sol, les lignes verticales des fenêtres et des portes, et les touches de rouge des chaises créent une harmonie mathématique parfaite. Un détail fascinant : le miroir au mur qui révèle furtivement le visage de la balayeuse, rappelant la tradition des autoportraits dissimulés des maîtres flamands.
Pour aller plus loin
- La balayeuse, de Pieter Janssens Elinga, vers 1670
- 60 x 58.5 cm
- Paris Musées, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, exposé au Rez-de-Chaussée Salle 26
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/la-balayeuse
Pieter Janssens Elinga (1623-1682) est l’un des artistes les plus énigmatiques du Siècle d’Or hollandais. Longtemps confondu avec Pieter de Hooch, il développa un style unique caractérisé par une obsession pour la géométrie et la lumière. Ses intérieurs, rares et précieux, se distinguent par leur construction mathématique rigoureuse et leur atmosphère contemplative. Sa fascination pour les perspectives et les jeux de lumière reflète l’intérêt de son époque pour l’optique et la géométrie. Chacune de ses œuvres, méticuleusement composée, transforme la banalité du quotidien en une expérience quasi métaphysique.