Francesco Francia : Frédéric de Gonzague

Frédéric de Gonzague (1500–1540), par Francesco Francia, en 1510
Frédéric de Gonzague (1500–1540), par Francesco Francia, en 1510

Frédéric de Gonzague constitue un chef-d’œuvre de l’art du portrait Renaissance, né d’une commande exceptionnelle d’Isabelle d’Este, marquise de Mantoue et mécène.

Cette œuvre répond à une urgence maternelle : consoler une mère privée de son fils, retenu comme otage diplomatique à la cour pontificale. Francesco Francia accomplit ici un prodige technique en seulement douze jours, travaillant d’après des esquisses réalisées lors du passage du jeune prince à Bologne. Le portrait révèle un adolescent de dix ans au visage délicat, paré d’un béret noir orné d’un ruban rouge et d’un riche collier à pendentif de perle. Son regard mélancolique et ses joues rosées expriment une innocence touchante contrastant avec la solennité du costume princier. Le paysage idyllique en arrière-plan, typique de l’école bolonaise, sublime cette image consolatrice. L’anecdote des cheveux jugés trop clairs par Isabelle, qu’elle fit reprendre, témoigne du contrôle maternel exercé sur cette effigie.

Pour aller plus loin

  • Frédéric de Gonzague (1500–1540), par Francesco Francia, en 1510
  • 45.1 x 34.3 cm (17 3/4 x 13 1/2 in.), Tempera sur bois, transférée du bois sur toile, puis de nouveau sur bois
  • The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé galerie 604
  • https://www.metmuseum.org/art/collection/search/436333

Francesco Francia (vers 1447-1517), figure majeure de l’école bolonaise, incarne la transition entre gothique tardif et pleine Renaissance. Orfèvre de formation puis peintre autodidacte, il révolutionne l’art du portrait par sa technique d’une précision orfèvrée et sa sensibilité psychologique exceptionnelle. Influencé par le Pérugin, il développe un style personnel alliant monumentalité classique et intimisme nordique. Chef d’un atelier florissant, portraitiste attitré des grandes familles italiennes, Francia jouit d’une réputation internationale qui rivalise avec celle des maîtres florentins et vénitiens, particulièrement célébré pour ses représentations d’enfants d’une grâce incomparable.